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14 septembre 2009

Cornélius Agrippa, le philosophe de l’occulte

Un voyage dans l’histoire de la divination

En tant qu’érudit de la Renaissance, Cornélius Agrippa s’intéressa à de nombreuses disciplines dans lesquelles il s’efforça d’exceller. Il s’attarda sur des domaines culturels variés, maîtrisant les lettres classiques, la médecine, le droit, la théologie, la philosophie ou encore les sciences de la guerre, l’exégèse et la diplomatie. Mais il se différencia pour un intérêt plus controversé, une passion de jeunesse qui le poussa à écrire un ouvrage massif considéré, encore aujourd’hui, comme une référence dans son domaine. Cette attention particulière qu’il porta à l’astrologie et aux arts divinatoires lui apporta quelques tourments dont il s’accommoda pour parfaire sa maîtrise de l’occulte.

La jeunesse de Cornélius Agrippa s’illustre principalement par de nombreux voyages à travers l’Europe. Il naît à Cologne, dans la province d’Agrippine, dont il prit le nom, où il étudie les lettres classiques et la médecine jusqu’en 1508. Il rentre ensuite au service de Ferdinand II d’Aragon et entame une expédition en Espagne où il apprend à maîtriser les explosifs. Il part ensuite à Avignon où il fonde, avec Charles de Bovelles et Jacques Lefèvre d’Etaples, une association d’amis s’intéressant à l’alchimie. On l’accuse pour la première fois d’hérésie à Dole pour avoir enseigné la Kabbale Chrétienne de Johannes Reuchlin. Un domaine qui l’intéresse particulièrement puisqu’il s’en inspire fortement pour rédiger son plus célèbre ouvrage : De la philosophie occulte (1510). Après être devenu conseiller municipal à Metz, où il exerce aussi la profession d’avocat, il défend, en 1518, une femme accusée de sorcellerie. Avançant l’excuse de la sénilité, l’audience le désigne comme complice et l’oblige alors à fuir. Il reste quelques temps en Suisse en tant que médecin et publie régulièrement des calendriers astrologiques.

De retour en France, à Lyon, il entre au service de Louise de Savoie, mère de François 1er, en tant que médecin personnel. En réalité, il met à sa disposition ses connaissances astrologiques pour satisfaire la curiosité de la reine mère. Peu après son renvoi, Cornélius Agrippa sombre dans le scepticisme et cesse de s’intéresser à l’ésotérisme.  Ce renversement idéologique le pousse même à réfuter toutes les idées simplement théologiques. Attitude jugée déplaisante par la Sorbonne qui le condamne pour ses nouvelles pensées. Il meurt en 1535 après avoir purgé sa peine d’emprisonnement suite à son différend avec Louise de Savoie.

Son œuvre ésotérique

L’œuvre majeur de Cornélius Agrippa, malgré son scepticisme à la fin de sa vie, reste De la philosophie Occulte. Elle fut imprimée pour la première fois en 1531, mais il faudra attendre 1533 pour que les ouvrages datés apparaissent. Traduite en France en 1736, son œuvre est principalement une défense de la magie ainsi qu’une synthèse de l’occultisme. On y trouve tous les principes admis dans la théologie païenne tel que le symbolisme, les talismans ou le rôle des anges.

Il se décompose en trois livres. Dans le premier, on peut lire des réflexions sur la divination et les influences occultes répandues dans la nature. Le deuxième s’attarde sur le symbolisme des nombres et l’âme du monde. Le livre trois, plus intemporel, s’attarde sur les noms divins, l’angélologie et les disciplines spirituelles. S’inspirant grandement du Picatrix, on retrouve le principe des trois mondes distincts, tous gouvernés par une branche différente de la magie. Selon Cornélius Agrippa, il n’existe aucune magie véritable sans la combinaison de ces trois éléments (l’élémentaire, le céleste et l’intellectuel). Figure emblématique du monde ésotérique, il démontre, par son œuvre, la richesse et la complexité de l’univers divinatoire.

A. F.

Pour vous, la vie de Cornélius Agrippa est-elle représentative de la Renaissance ?